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LA SMARTCITY : une révolution seulement ralentie ?

Alors que depuis quelques années, un troupeau de start-up, licornes en tête, traçait un sillon économique fertile et prospère qui nourrissait notre économie. Une dangereuse maladie a tiré brusquement les rennes et a confiné l’énergique troupeau à l’écurie.

Cette même écurie qui, depuis un certain temps, commençait à se remplir de capteurs connectés pour améliorer notre confort, réduire le coût d’entretien, et surtout attirer de plus en plus de résidents.

Vous l’avez deviné, la SmartCity qui connaissait une croissance fulgurante va connaitre, à l’instar des autres secteurs économiques, une crise majeure de notre histoire. Comment va-t-elle s’en sortir ?

Alors qu’elle proposait des solutions innovantes aux problématiques des urbains, comment ce secteur encore jeune, et qui nécessite des investissements, va se relever d’une crise de cette ampleur ?

Les solutions qui semblent être prises par les états mondiaux vont-elles être suffisantes pour que, l’intérêt des secteurs privés et publics de ce marché, soit conservé ?

Surtout, est-ce que la SmartCity peut apporter des solutions pour minimiser la récession à venir et nous assurer de ne jamais plus connaitre un tel choc ?


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Avant le Covid 19, la SmartCity : un marché porteur.


Avant de répondre à ces questions, faisons un rapide point sur l’état du marché de la SmartCity, avant que cette crise ne débute.
Bien que différentes études se battent pour afficher un chiffre exact, on peut évaluer le marché mondial de la SmartCity en 2019 aux alentours de 300 milliards d’euros, avec une croissance annuelle de 20% (Market&market janvier 2019).

Avec 55% de la population mondiale urbaine et 80% du PIB mondial créé dans les villes, on peut expliquer facilement la croissance exceptionnelle de ce marché.
D’ailleurs, il est certain qu’elle devra continuer de croître car d’ici 2050, ce sera près de 7 personnes sur 10 qui habiteront dans les villes.
(Donnée Banque Mondiale)

Pourtant, près d’un urbain sur 2 se dit prêt à quitter la ville s’il le pouvait.


Victime de son succès, la croissance galopante des centres urbains s’est accompagné de nombreuses problématiques :
> pollution en ville touche directement la santé des citadins,
> consommations sans contrôle provoquent les gâchis alimentaire,
> engorgement des réseaux augmentent les coûts de transports et de livraison, …


En résumé, la ville n’a jamais concentré autant de richesses, et pourtant elle n’a jamais été aussi peu à même de les utiliser convenablement au bénéfice de ses résidents.


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La réponse : la SmartCity.

Singapour classement e-gouvernement business


La ville intelligente, capable en puisant dans la révolution digitale, de gérer mieux, plus vite et moins chère qu’elle ne le faisait auparavant.
Pour certaines zones urbaines ultra-denses, la SmartCity est alors devenue une priorité.
En tête, Singapour la cité-état a investi plus de 1 milliard de dollars en 2019, pour continuer sa politique de transformation numérique.


Des résolutions portées sur trois axes majeurs qui ont, chacune en commun, d’intégrer le plus possible le retour d’expérience du résident pour continuellement profiter à la ville :

> La santé : Programme « Citoyens sains villes saines »
Basé sur un système de sécurité sociale moderne écosystémique où le patient, les services de santé et les infrastructures communiquent de manière à s’améliorer respectivement. Notamment avec le programme Healthcity Novena.

> L’habitat : Avec 80% des résidences détenues par l’état, le programme de modernisation de l’habitat au service du résident a pu se faire rapidement dans le cadre de l’objectif SmartNation.
Et toujours, en intégrant l’avis local dans l’élaboration de solutions.

> La mobilité : Pour éradiquer les problématiques d’engorgement des grands axes, Singapour a misé sur le développement pluriel des moyens de transports en commun et durable pour diminuer la domination de la voiture dans la ville.

Il est d’ailleurs, intéressant de noter, que la France, même si elle accuse un certain retard, avait depuis déjà un certain temps intégré la notion d’habitat social détenu par l’état et, le principe de sécurité sociale.


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Pendant le Covid-19, les solutions utilisées


Et dans le contexte actuel, Singapour a réussi malgré sa forte densité à contenir l’épidémie. En effet, l’île asiatique a retenu les leçons du SRAS qui avait tué 39 personnes, et avait duré plusieurs mois avant d’être finalement contenu.
Pour le Covid-19, Singapour : aucun mort n’a été à déplorer. Le confinement total n’a pas été décrété (jusqu’à ce vendredi 3 avril) et l’activité de l’île a été maintenue.

Grâce à la mise en place de solutions Smart City qui intègre complètement les citoyens, ces derniers sont efficacement mis au courant des actions en cours à l’échelle de l’île, et de leurs quartiers pour lutter contre le Corona.

Ainsi, le comportement à suivre est indiqué en temps réel et par quartier pour aider au maximum les services publiques à endiguer la contagion.
Alors qu’on met en cause le manque de civilités culturelles des européens, Singapour, où réside une part non négligeable d’européens, n’a pas uniquement misé sur la « célèbre » discipline asiatique.

De manière générale, ceux sont les états qui ont pris la menace le plus rapidement au sérieux et, qui ont communiqué clairement et efficacement, qui ont été le moins touchés par le virus.

Sur cette lancée, par ailleurs, d’autres villes ont suivi cet exemple :
Tokyo, Dusseldorf, Philaldelphie, New-York, Buenos Aires ont mis en en place des sites internet, et des lignes téléphoniques pour informer et rassurer continuellement la population.
Paris et Sao Paulo ont favorisé les téléconsultations médicales en développant des systèmes reliant les services de santé, les services publiques et les patients.

Et d’autres exemples très intéressants suivent dans le document : Coronavirus : Cities policy responses


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Après Covid-19 : la SmartCity, moteur de la relance.


Cependant, le miracle de Singapour est à prendre avec des pincettes.
Les informations personnelles des personnes contaminées étaient directement visibles sur l’application de mapping, et les personnes infectées étaient munies de bracelets électroniques. Autant d’actions mises en place qui alertent, à raison, certains élus en France. Pour autant, et depuis un certain temps, nos informations personnelles sont déjà utilisées par des entreprises privées.

La vrai question est de savoir si le gouvernement actuel et ceux qui suivront pourront nous offrir des garanties constitutionnelles sur le bon usage des informations recueillies.

Cette question ne devra pas être perdue de vue alors qu’elle sera rapidement relayée face à celles concernant notre avenir économique. Notre machine économique alimentée par la quête de croissance a fait un tragique embardé. Les passagers qui avaient tous investi pour profiter du voyage, attendent sur le bas-côté que le conducteur répare le moteur, réinjecte du carburant et surtout arrive à convaincre tous les passagers d’une destination moins risquée.

Un pari qui assure que l’on ne chute pas une fois de plus face à une situation identique, et dont le développement profiterait surtout aux secteurs les plus touchés (tourisme et industrie).
Cela semble tout indiqué.
Bien que relativement jeune, La SmartCity comme nous l’avons vu n’est plus à son stade expérimental.
Avant la crise, son marché était déjà établi, et l’arrivée de cette crise sanitaire n’a fait que la renforcer. La nécessité d’une gestion plus inclusive pour les citoyens, plus moderne et plus durable pour répondre aux problématiques urbaines a été trop longtemps repoussée.

Beaucoup d’acteurs importants spécialistes du digitale sont depuis un certain temps tournés vers ces solutions : Amazon, Schneider Electrics, Cisco, IBM, …
Seuls ayant la capacité de répondre aux besoins multisectoriels des villes, ils s’insèrent dans un cercle vertueux. En investissant dans les start-up plus agiles pour développer des solutions ciblées aux problématiques, par exemple la dématérialisation des accès, ils les englobent ensuite dans une solution sur mesure qui optimisent les services de gestion des villes et leur fournit le Big Data nécessaire aux suivis des usages.

Ce mouvement au niveau de la Smart City est largement généralisé dans tous les domaines, chacun surfant sur la vague innovante du moment pour accélérer la digitalisation (proptech, fintech, … )

Avant la crise, ce mouvement vertueux s’entretenait lui-même, mais désormais qu’il est à l’arrêt, est ce que la SmartCity sera ce secteur porteur qui le relancera ?

Alors que la France va accueillir les JO en 2024, et comme lors des éditions précédentes, elle a la volonté d’affirmer sa qualité de nation innovante.


Ne pourrait-elle pas profiter de cette formidable vitrine commerciale pour s’investir, dès à présent, dans le prochain chantier de notre époque : la SmartCity.

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